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mercredi 3 juin 2009

Nouveau projet: l'orphelinat Ingrid Nava Javeena

Ganagamma (4 ans): Une des jeunes "pensionnaires" du nouvel orphelinat



Depuis le début de l’année 2009, SIWOL soutient le projet Ingrid Nava Jeevana qui a pour vocation de recueillir et instruire les orphelins de famille de prostituées « traditionnelles » (devadasis). En effet, les conditions de prostitution des mères les amène à contracter le virus du sida lors de relations non protégées. Alors que Hosa Balu, en partenariat avec une association locale, a déjà essayé de travailler sur ce sujet avec les devadasis, ces dernières restent terriblement démunies pour imposer des relations sexuelles protégées aux hommes alors qu’elles vivent dans la misère. Le risque qu’elles transmettent le virus à leurs enfants est relativement élevé ; d’autre part, il est encore très difficile de franchir le pas du dépistage pour beaucoup d’entre elles (les rumeurs vont vite si on les voit à l’hôpital) et, même si elles savent qu’elles sont malades, elles n’ont pas les moyens de se soigner. Conjugué aux effets de la malnutrition, du manque d’hygiène, des avortements et maladies répétées, le sida et le manque de soin expliquent leur faible espérance de vie.

Leurs enfants se retrouvent dans des situations insoutenables : pour aider leur mère, la majorité part travailler très précocement dans les champs et n’a aucun accès à l’éducation. Les filles peuvent être consacrées devadasis très jeunes, afin de pouvoir les offrir aux hommes dès leurs premières règles. En cas de décès de leur mère, en l’absence de père, il n’est pas sûr que les enfants disposent d’une quelconque famille pour les recueillir : en effet, les grands-mères, devadasis elles aussi, décèdent généralement jeunes. Livrés à elles-mêmes, ces fillettes n'ont pas d’avenir devant elles. La situation est difficile pour les garçons également, mais ils ne courent pas le risque de devenir des dévadasis, et ont un peu plus de chances de s'en sortir. Nous reviendrons par la suite sur les raisons du choix d'aider prioritairement les filles.

L’orphelinat Ingrid Nava Jeevana se propose de recueillir et d’offrir un toit et une éducation à ces fillettes. L’ambition du projet repose sur deux aspects essentiels :
- en leur offrant une maison, un accès aux soins, de la nourriture en quantité et qualité suffisante, l’orphelinat permettra aux enfants de bénéficier d’un environnement sain dans lequel grandir et s’épanouir
- leur inscription dans une école privée où l’enseignement se fait en anglais (« English medium school ») constitue une garantie de qualité pour leur éducation et la possibilité d’accéder à des études ou une formation professionnelle.

Le premier projet de SIWOL: Hosa Balu


En langue kannada (langue officielle de l'Etat du Karnataka), Hosa Balu signifie "nouvelle vie". L'objectif de ce projet était donc d'offrir une nouvelle vie à des prostituées "traditionnelles" ou "sacrées" que l'on appelle devadasis dans le sud de l'Inde.


Depuis juillet 2002 et pendant 6 ans, le projet Hosa Balu a travaillé avec les devadasis (prostituées sacrées du sud de l’Inde) pour améliorer leurs conditions de vie et, à terme, empêcher la transmission héréditaire de leur métier. Intouchables, femmes et sans appui familial, les devadasis cumulent les handicaps, ce qui fait d’elles une des populations indiennes les plus déshéritées. Dans la région d’action de Hosa Balu, (30 villages au total) elles sont ainsi 950, pauvres parmi les pauvres dans une zone déjà réputée pour son sous-développement.

Les objectifs de Hosa Balu à leur égard étaient doubles :
Enrayer la transmission héréditaire du statut et du métier de devadasis, ce qui passe par un double travail, avec les mères et avec les filles ;
Améliorer les conditions de vie des devadasis, tant au niveau de la santé, du travail, de l’éducation et de la représentation de soi.

La concrétisation de ces objectifs avait été mise en œuvre grâce à plusieurs stratégies.
Premièrement, une stratégie de responsabilisation et d’autonomisation : transmission de savoirs et de savoirs-faires, accompagnement, mise en relation avec des personnes-ressources.
Deuxièmement, une stratégie de collaboration avec le réseau local, pour améliorer l’accès des devadasis à ses facilités.
Enfin, une stratégie de mixité sociale entre devadasis et monde jusque là « extérieur. »

Différents programmes devaient permettre de concrétiser ces objectifs :
- micro crédit et formations professionnelles ponctuelles pour donner d’autres alternatives économiques aux devadasis
- formations de couture et formation diplômante d’infirmière pour les jeunes filles, et cours du soir et distribution de cahiers et livres aux enfants pour qu’ils puissent étudier.

La santé, problème-clef des devadasis, était un autre axe du projet : MST, malnutrition, hygiène déplorable, avortements répétés et faibles accès aux soins se conjuguent pour faire des devadasis l’une des populations à l’espérance de vie la plus faible. Face à un problème d’une telle ampleur, l’action de Hosa Balu ne peut être que marginale, mais passe néanmoins par deux stratégies : l’amélioration de l’accès au système de soins et la résolution des problèmes de santé des prostituées.

Hosa Balu était donc un projet dont les stratégies étaient clairement définies et dont l’action bénéficiait déjà d’une certaine ancienneté. Toutefois la directrice d’Hosa Balu a préféré clore l’association afin de pouvoir lancer un nouveau projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps…